Marrakech, avril 2007. (Article repris sur AgoraVox).
La Ville rouge et ocre connaît actuellement un développement soutenu. Le boom de l’immobilier, l’essor des nouvelles technologies, ou encore la multiplication des lieux branchés sont les signes visibles de cette mutation. Mais à qui profite vraiment cette évolution ? Témoignage.
Depuis des décennies, la place Jemaa-el-Fna demeure un lieu incontournable. Le soir venu, l’effervescence qui règne sur la place vaut à elle seule le détour. A proximité des vendeurs de jus d’orange et des tables installées en plein air où il est possible de dîner à moindre frais, les traditionnelles attractions (diseuses de bonne aventure, charmeurs de serpents, spécialistes du tatouage au henné, etc.) font toujours recette. Si la majorité des touristes se précipitent sur ce théâtre agité, force est de constater que les Marrakchis sont également très présents. Ici, on assiste véritablement à la rencontre du Nord et du Sud où les différences semblent être gommées. A heure régulière cependant, la voix du Muezzin qui provient de la Koutoubia rappelle que Allah est là.
L’ambiance de la place se prolonge dans les souks attenants où il est agréable de se promener, et fréquent de s’y perdre ! Au cœur de la Médina, à côté des commerces traditionnels (cuirs, cuivre, bois, épicerie, imitations de grandes marques textile,…), on trouve désormais quelques Cyber-espaces. Pour 5 Dirhams (moins de 50 centimes d’euro), il est possible de surfer pendant une heure. Depuis quelques années, Internet a donc fait son entrée dans Marrakech. Outre ces espaces dédiés à Internet, quelques boutiques proposent aux jeunes marocains de jouer sur des consoles de type Playstation. Plus étonnant, un détour par le souk « high-tech », c’est son nom, constitué de minuscules échoppes d’un autre âge permet de se procurer des téléviseurs, des appareils photos, ou tout autre objet techno à la mode. Il est cocasse d’assister à l’arrivée des carrioles tirées par des ânes venant déverser le dernier cri de la technologie.
Non loin de la place Jemaa-el-Fna, le long de l’avenue Mohammed V, le Cyber Park constitue également la surprise, témoignant de la percée des nouvelles technologies à Marrakech. Ce magnifique parc de 8 hectares datant de 1700 a récemment été transformé en haut lieu de la technologie. Au milieu de la verdure, des palmiers, des orangers et des tulipes, des bornes interactives permettent de se connecter gratuitement à Internet via des écrans tactiles. Chaque sentier porte le nom d’un sponsor tel que Sony, Siemens, IBM, Maroc Telecom, …
L’autre fait marquant, c’est l’explosion de l’immobilier. Autour de la médina, de vastes complexes hôteliers, ainsi que des immeubles de standing poussent comme des champignons. Hélas l’attrait de la Ville rouge entraîne une pénurie d’habitations dont les plus démunis font les frais. La pauvreté dans la médina subsiste, même si elle est masquée par le tourisme, et le rachat des riads par des Européens. Dans l’attente de logements sociaux promis par le Gouvernement, beaucoup de Marrakchis recourent au Rhâne, une vieille pratique de location informelle et risquée. Le principe consiste à accueillir un particulier dans une habitation en construction moyennant un loyer, qui finance les travaux du propriétaire. Le locataire récupère sa mise lorsqu’il quitte les lieux, faisant bénéficier au propriétaire d’un crédit à taux zéro. La formule a ses limites car le plus souvent les logements en construction ne possèdent aucun confort, et bien souvent même pas l’eau.
Le boom immobilier concerne aussi le luxueux quartier de la Palmeraie. Cette oasis de 5260 hectares comptait autrefois 150 000 palmiers, mais leur nombre diminue à mesure que l’on construit des hôtels de luxe, et des villas pour des célébrités comme Paul McCartney ou Jean-Paul Gaultier. Un grand nombre de dirigeants de grandes entreprises françaises y ont aussi élu domicile. Il faut reconnaître que l’endroit est plutôt agréable, et l’on imagine aisément le bonheur de vivre dans ce petit paradis. Pour lutter contre la destruction de cette oasis naturelle, quelques associations locales réagissent et tentent de faire entendre leur voix auprès des autorités marocaines. Comme partout, il est cependant difficile de lutter contre la logique économique…
Retour dans le centre, cette fois dans le quartier chic de l’Hivernage. Ici, les cafés branchés se multiplient. Si les touristes des hôtels de prestige voisins fréquentent ces lieux, la jeunesse dorée marocaine s’y précipite également, garant à proximité d’insolents 4x4, pour écouter de la musique live, et consommer de délicieux cocktails. Le contraste avec la sobriété qui règne dans la plupart des quartiers de la Médina est saisissant. Plus que jamais, Marrakech s’apparente à une mosaïque.
Rendez-vous donc dans quelques années pour faire le point sur l’évolution de la Perle du Sud qui reste fascinante.
Marrakech en quelques chiffres :
. Marrakech est la troisième ville du pays avec 1 250 000 habitants
. 2,4 % : c’est la croissance démographique annuelle à Marrakech à rapprocher de la moyenne nationale (2,1%)
. Il y a dix ans, un riad s’achetait de 10 000 à 15 000 euros, contre 300 000 euros aujourd’hui.
. En 2004, les dépenses de Mohammed VI ont été 18 fois supérieures à celle de la reine Elisabeth II
. Le taux de chômage des 25-44 ans avoisine les 20%
. Le nombre d’enfants par femme est passé de 7,4 en 1971 à 2,8 aujourd’hui
. Le salaire minimal au Maroc est de 3,20 Dh l’heure (30 centimes d’euros)
L’ambiance de la place se prolonge dans les souks attenants où il est agréable de se promener, et fréquent de s’y perdre ! Au cœur de la Médina, à côté des commerces traditionnels (cuirs, cuivre, bois, épicerie, imitations de grandes marques textile,…), on trouve désormais quelques Cyber-espaces. Pour 5 Dirhams (moins de 50 centimes d’euro), il est possible de surfer pendant une heure. Depuis quelques années, Internet a donc fait son entrée dans Marrakech. Outre ces espaces dédiés à Internet, quelques boutiques proposent aux jeunes marocains de jouer sur des consoles de type Playstation. Plus étonnant, un détour par le souk « high-tech », c’est son nom, constitué de minuscules échoppes d’un autre âge permet de se procurer des téléviseurs, des appareils photos, ou tout autre objet techno à la mode. Il est cocasse d’assister à l’arrivée des carrioles tirées par des ânes venant déverser le dernier cri de la technologie.
Non loin de la place Jemaa-el-Fna, le long de l’avenue Mohammed V, le Cyber Park constitue également la surprise, témoignant de la percée des nouvelles technologies à Marrakech. Ce magnifique parc de 8 hectares datant de 1700 a récemment été transformé en haut lieu de la technologie. Au milieu de la verdure, des palmiers, des orangers et des tulipes, des bornes interactives permettent de se connecter gratuitement à Internet via des écrans tactiles. Chaque sentier porte le nom d’un sponsor tel que Sony, Siemens, IBM, Maroc Telecom, …
L’autre fait marquant, c’est l’explosion de l’immobilier. Autour de la médina, de vastes complexes hôteliers, ainsi que des immeubles de standing poussent comme des champignons. Hélas l’attrait de la Ville rouge entraîne une pénurie d’habitations dont les plus démunis font les frais. La pauvreté dans la médina subsiste, même si elle est masquée par le tourisme, et le rachat des riads par des Européens. Dans l’attente de logements sociaux promis par le Gouvernement, beaucoup de Marrakchis recourent au Rhâne, une vieille pratique de location informelle et risquée. Le principe consiste à accueillir un particulier dans une habitation en construction moyennant un loyer, qui finance les travaux du propriétaire. Le locataire récupère sa mise lorsqu’il quitte les lieux, faisant bénéficier au propriétaire d’un crédit à taux zéro. La formule a ses limites car le plus souvent les logements en construction ne possèdent aucun confort, et bien souvent même pas l’eau.
Le boom immobilier concerne aussi le luxueux quartier de la Palmeraie. Cette oasis de 5260 hectares comptait autrefois 150 000 palmiers, mais leur nombre diminue à mesure que l’on construit des hôtels de luxe, et des villas pour des célébrités comme Paul McCartney ou Jean-Paul Gaultier. Un grand nombre de dirigeants de grandes entreprises françaises y ont aussi élu domicile. Il faut reconnaître que l’endroit est plutôt agréable, et l’on imagine aisément le bonheur de vivre dans ce petit paradis. Pour lutter contre la destruction de cette oasis naturelle, quelques associations locales réagissent et tentent de faire entendre leur voix auprès des autorités marocaines. Comme partout, il est cependant difficile de lutter contre la logique économique…
Retour dans le centre, cette fois dans le quartier chic de l’Hivernage. Ici, les cafés branchés se multiplient. Si les touristes des hôtels de prestige voisins fréquentent ces lieux, la jeunesse dorée marocaine s’y précipite également, garant à proximité d’insolents 4x4, pour écouter de la musique live, et consommer de délicieux cocktails. Le contraste avec la sobriété qui règne dans la plupart des quartiers de la Médina est saisissant. Plus que jamais, Marrakech s’apparente à une mosaïque.
Rendez-vous donc dans quelques années pour faire le point sur l’évolution de la Perle du Sud qui reste fascinante.
Marrakech en quelques chiffres :
. Marrakech est la troisième ville du pays avec 1 250 000 habitants
. 2,4 % : c’est la croissance démographique annuelle à Marrakech à rapprocher de la moyenne nationale (2,1%)
. Il y a dix ans, un riad s’achetait de 10 000 à 15 000 euros, contre 300 000 euros aujourd’hui.
. En 2004, les dépenses de Mohammed VI ont été 18 fois supérieures à celle de la reine Elisabeth II
. Le taux de chômage des 25-44 ans avoisine les 20%
. Le nombre d’enfants par femme est passé de 7,4 en 1971 à 2,8 aujourd’hui
. Le salaire minimal au Maroc est de 3,20 Dh l’heure (30 centimes d’euros)
1 commentaires:
Salut Christophe,
Tu me paierais cher pour que j'y remette un jour les pieds dans cet endroit ;)
Plutôt un pot un de ces quatre de nouveau, nous parlerons marketing, du vrai, du pur, du bon !
Bien amicalement !
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